
32 % : c’est la part de l’électricité française officiellement issue de sources renouvelables en 2022. Pourtant, derrière ce chiffre flatteur, la réalité se révèle bien moins limpide. Certains fournisseurs d’électricité n’hésitent pas à commercialiser des offres « vertes », tout en continuant à s’approvisionner auprès du marché conventionnel. Résultat : il n’est jamais garanti que l’électricité dite « renouvelable » soit locale, ni même qu’elle alimente effectivement le réseau de l’utilisateur final.
L’enchevêtrement des labels, les certificats de garantie d’origine et la réglementation nationale viennent ajouter une dose de complexité qui échappe au grand public. Savoir faire la différence entre « énergie verte » et « énergie renouvelable » devient alors une nécessité pour y voir clair dans la jungle des offres et comprendre ce que l’on met vraiment dans sa prise.
Plan de l'article
Énergie renouvelable et énergie verte : de quoi parle-t-on vraiment ?
Impossible d’y échapper : ces dernières années, les mots énergie renouvelable et énergie verte s’affichent partout, sur les campagnes de communication comme sur les offres d’électricité. Pourtant, ils ne recouvrent pas exactement la même réalité. Quand on parle d’énergie renouvelable, on désigne toutes les sources d’énergie dont le renouvellement est rapide à l’échelle humaine : solaire, éolien, hydraulique, géothermie, biomasse. Ce sont ces filières qui redessinent peu à peu la production d’énergie, en France et à l’international.
Mais dès qu’il est question d’énergie verte, il ne s’agit plus seulement de l’origine naturelle de la ressource. Le terme implique un mode de production, une injection sur le réseau et, surtout, la capacité à retracer l’électricité jusqu’au consommateur. En d’autres termes : seule une électricité certifiée par une garantie d’origine peut être qualifiée de « verte ». Ce certificat atteste que chaque kilowattheure consommé a réellement été produit à partir d’une source renouvelable.
Les principales sources d’énergie renouvelable
Cinq filières composent le socle des énergies renouvelables dans l’Hexagone, chacune ayant son mode de production spécifique :
- Énergie solaire : la lumière du soleil est transformée directement en électricité grâce aux panneaux photovoltaïques.
- Énergie éolienne : l’énergie cinétique du vent fait tourner des turbines qui génèrent du courant.
- Hydraulique : la force de l’eau, captée via barrages ou centrales au fil de l’eau, produit de l’électricité.
- Biomasse : des résidus végétaux ou animaux sont valorisés par combustion ou méthanisation pour fournir de l’énergie.
- Géothermie : on capte la chaleur stockée sous la surface de la Terre pour produire de la chaleur, et parfois de l’électricité.
Pouvoir distinguer l’énergie renouvelable de l’énergie verte suppose donc de se pencher sur la traçabilité. Tant qu’il n’existe pas de garantie d’origine, l’électricité dite « verte » n’a rien de certain. Pour un consommateur, c’est la clé pour savoir si sa prise délivre vraiment une électricité d’origine renouvelable ou s’il s’agit d’un simple jeu d’écritures.
Quelles différences concrètes entre énergie verte et énergie classique ?
Tout repose sur deux logiques. La première, celle de l’électricité dite « classique », vient essentiellement des énergies fossiles : gaz naturel, pétrole, charbon. Ces ressources, limitées par nature, nécessitent des opérations d’extraction et de combustion, avec leur lot d’émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques. À l’inverse, l’électricité verte est issue de ressources inépuisables à l’échelle humaine : soleil, vent, eau ou biomasse. Leur exploitation génère peu, voire pas, d’émissions, ce qui les inscrit naturellement dans la lutte contre le changement climatique.
La France se distingue par son mix énergétique spécifique, notamment avec une large part dévolue à l’atome limitant les importations fossiles. Mais la dynamique des énergies renouvelables prend une place croissante dans la demande, à condition que le dispositif garantisse une véritable traçabilité de l’origine.
Pour bien mesurer ce qui différencie ces sources d’électricité, on peut les confronter point par point :
- Énergies fossiles : du gaz naturel ou du pétrole brûlé, avec une quantité massive de gaz à effet de serre relâchée dans l’atmosphère.
- Énergie verte : extraite de ressources continuellement renouvelées, elle accompagne la transition énergétique chère à beaucoup de foyers français.
Soutenir l’électricité verte, ce n’est pas seulement réduire son empreinte mais s’inscrire dans une dynamique qui encourage de nouvelles filières, soutient la transformation du mix énergétique et modifie la demande au profit de modes de production moins polluants.
Avantages, limites et enjeux pour l’environnement et les consommateurs
Avec la transition énergétique, l’objectif affiché reste la réduction des émissions de gaz à effet de serre et une montée en puissance continue des énergies renouvelables. Les offres d’électricité verte se multiplient, certaines proposant une part plus grande de solaire, d’éolien, ou d’hydraulique pour composer un mix énergétique réputé plus propre. Le système français, moins dépendant des énergies fossiles que d’autres pays, engage tout de même la course à la recherche de la neutralité carbone.
Ce mouvement apporte plus qu’un effet d’annonce. Chaque kilowattheure issu d’une filière renouvelable, c’est moins de dépendance vis-à-vis des hydrocarbures importés et un soutien direct aux entreprises qui innovent dans le secteur. Au niveau individuel, de plus en plus de foyers sautent le pas de l’autoconsommation : installer des panneaux solaires, devenir producteur de sa propre électricité, parfois jusqu’à couvrir l’ensemble de ses besoins. À l’échelle collective, les territoires y voient une occasion de relocaliser la production et de dynamiser l’économie locale. Pourtant, l’expansion des installations pose des questions concrètes : impact sur les paysages, occupation des sols, protection de certaines espèces.
Il reste aussi à prendre en compte le prix. Si les offres d’électricité verte affichaient il y a peu un coût supérieur, le jeu de la concurrence bouscule désormais la donne et tend à réduire l’écart avec le marché conventionnel. Pour autant, tout n’est pas limpide : entre la méthode de souscription, le détail de la composition et la qualité de traçabilité des certificats, il faut parfois jouer les détectives pour s’assurer de ne pas acheter qu’une promesse. Certains fournisseurs jouent la carte de la transparence et énoncent précisément la part d’énergie renouvelable injectée et ses modalités d’achat.
Labels, certifications et garanties : comment reconnaître une énergie vraiment verte ?
Déceler une offre d’électricité verte sérieuse n’est pas toujours évident au premier regard. Ce sont les garanties d’origine qui constituent l’armature du système : ce certificat électronique atteste qu’un mégawattheure a bel et bien été produit à partir d’une énergie renouvelable. Autrement dit, pour chaque kilowattheure consommé, le fournisseur doit prouver qu’il a injecté un volume équivalent d’énergie renouvelable dans le réseau électrique. Mais il subsiste un point de vigilance : rien n’assure que l’électricité verte circule en temps réel entre la centrale et le consommateur. Le réseau se mélange, la traçabilité s’effectue surtout sur le papier.
Pour répondre à cette attente croissante de clarté, l’ADEME a lancé le label VertVolt. Deux catégories sont proposées : « choix engagé » pour les offres qui favorisent de nouveaux moyens de production d’électricité renouvelable en France, et « choix très engagé » pour celles qui privilégient un soutien fort aux installations situées à proximité directe des consommateurs. Pour chacun, la nature de l’engagement affiché est vérifiée et publique.
Si l’on veut avancer avec méthode, quelques repères permettent d’y voir plus clair :
- Garantie d’origine : ce certificat européen, désormais incontournable pour toute offre d’électricité verte, atteste du mode de production certifié de chaque kilowattheure.
- Label VertVolt : attribué par l’ADEME, il marque la volonté d’encourager la transparence et l’accès aux producteurs locaux.
À côté de ces repères, on trouve aussi des fournisseurs développant des partenariats directs avec les producteurs solaires, éoliens ou hydrauliques français. Avant de s’engager, la prudence reste de mise : la traçabilité réelle, la quantité de renouvelable injectée, ou encore la politique d’achat de certificats doivent faire l’objet d’une vigilance particulière. Au final, la différence se fait dans la clarté de l’offre et la cohérence entre l’affichage, les garanties et les actes.
Face à toutes ces subtilités, choisir un nouvel abonnement ne se limite plus à cocher une case. C’est décider de la place qu’on veut accorder à la transparence, à l’innovation et, finalement, à la confiance que l’on accorde à son fournisseur d’énergie.



























































